Skip to main content

Hokusai

Introduction

« Quand j’aurai cent ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie » Hokusai 

Katsushika Hokusai, aussi appelé le « fou de dessin » (l’un des 120 patronymes qu’il a utilisés au cours de sa vie), jugeait n’avoir rien produit de bon avant l’âge de 60 ans, et se réjouissait à l’âge de 75 ans des progrès qui l’attendaient encore. Cette exigence, ce désir constant de perfectionnement et cette conviction qu’avec la vieillesse vient la véritable vision, n’est pas sans rappeler le mot d’encouragement d’Akira Kurosawa à Ingmar Bergmann à l’occasion de son 77ème anniversaire : « Un humain n’est pas vraiment capable de créer de très bonnes œuvres avant d’avoir atteint 80 ans ».

Retracer le parcours personnel, créatif et spirituel d’Hokusai – et peut-être aussi de tout grand artiste – est tout le propos du film d’Hajime Hashimoto, qui introduit le maître dans sa vingtaine, alors qu’il commence tout juste à développer son propre style, et l’accompagne jusque dans sa vieillesse toujours très active, puisqu’il n’a jamais cessé de vouer sa vie au dessin. 

L’ARTISTE AUX 30 000 ŒUVRES 

Hokusai est né en 1760 dans les quartiers populaires d’Edo – l’ancien nom de Tokyo - et montre très tôt des dispositions pour le dessin. A l’âge de 14 ans, il entre dans un atelier de xylographie (technique de gravure sur bois utilisée pour fabriquer les estampes). Après avoir rejoint puis quitté plusieurs écoles, il publie ses premiers recueils et prend au tournant du XIXème siècle le nom d’Hokusai (littéralement « l’atelier du nord » en hommage à l’étoile polaire qui incarne la divinité bouddhique Myôken). 

Il publie en 1814 le premier des 15 volumes des « Hokusai Manga » - première occurrence du terme voué à devenir célèbre ! -, recueils de dessins aux sujets variés (faune, flore, courtisanes, marchands, scènes de guerres…) qui constituent aujourd’hui de précieux témoignages sur la vie à l’époque d’Edo. 

C’est en 1830, à l’âge de 70 ans, qu’il publie son chef-d’œuvre, les « trente-six vues du Mont Fuji », séries d’estampes de paysage née de ses nombreux voyages à travers le Japon et dans lequel on retrouve le plus emblématique de ses travaux, la Grande Vague de Kanagawa. 

Les difficultés financières et l’incendie qui ravage son atelier en 1839 n’auront pas raison de son obsession pour le dessin : véritable bourreau de travail, il meurt à l’âge de 89 ans en laissant derrière lui plus de 30 000 dessins, explorant des sujets d’une variété sans précédent, des animaux sauvages aux scènes du quotidien, des estampes érotiques (shunga) aux paysages montagneux. 

LE GOÛT DE LA LIBERTÉ 

Lorsque l’on observe aujourd’hui les paysages d’Hokusai, il nous est difficile d’imaginer que les estampes des plus grands maîtres aient été un jour le théâtre d’ardentes luttes politiques. Pourtant, durant l’ère d’Edo (1600-1868), la dynastie des Tokugawa exerce un pouvoir particulièrement autoritaire que les artistes subissent de plein fouet. 

Alors que le jeune Hokusai commence à se faire une place parmi les maîtres d’estampe de la capitale, le gouvernement lance une série de réformes conservatrices destinées à restaurer l’ordre moral du Japon. Le pouvoir impérial doit dès lors apposer son cachet sur toutes les œuvres qui circulent, et les estampes érotiques, alors extrêmement populaires et souvent nécessaires à la survie des artistes, sont interdites. 

Hokusai se tourne alors progressivement vers le paysage, dans lequel il excellera et qu’il sera le premier à hisser au rang de sujet d’estampes. 

LA GRANDE VAGUE DE KANAGAWA 

La reine de l’ukiyo-e* c’est elle ! Fermement ancrée dans l’imaginaire collectif et la pop culture comme l’un des symboles les plus évidents de la culture japonaise, elle est - à bien des égards - représentative du style unique d’Hokusai et de son apport à l’art japonais et européen. 

Dans la Grande Vague de Kanagawa, on retrouve d’abord l’intensité et la profondeur du bleu de Prusse, pigment récemment importé des Pays-Bas – seul pays d’Europe dont le Japon ne s’est alors pas coupé - et encore très peu utilisé par les peintres Japonais : c’est Hokusai qui contribuera le plus fortement à sa popularité. 

Aux peintres européens, Hokusai emprunte aussi un nouveau regard sur l’espace et les distances, et s’inspire des principes de la perspective occidentale pour renforcer ses effets – on le voit à la petite taille du Mont Fuji, presque invisible en arrière-plan de la vague outrageusement monumentale. 

En retour, les œuvres d’Hokusai circuleront elles aussi en Europe par les Pays-Bas, et inspireront les peintres à l’origine du mouvement impressionniste. Relativement peu estimées sur leur île natale, les estampes des maîtres japonais rencontreront l’engouement des artistes et collectionneurs européens du XIXème siècle qui favoriseront leur conservation et leur passage à la postérité. 

* Littéralement « image du monde flottant », l’ukiyo-e est le mouvement artistique auquel se rattachent les estampes gravées sur bois.

(Dossier de presse) 

Hokusai

Bande annonce

Séances