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Sept hivers à Téhéran

Entretien avec la mère de Reyhaneh, Shole Pakravan

Comment avez-vous su que vous pouviez confier votre histoire à Steffi Niederzoll ?

J’ai rencontré plusieurs personnes qui voulaient faire un film à partir de notre histoire. A chaque fois j’ai accepté, mais après quelques semaines ou quelques mois, des signes m’ont indiqué que je ne pouvais finalement pas leur faire confiance. Et j’ai mis fin au projet. Au début, j’ai craint que ce soit la même chose avec Steffi. Mon cousin m’a mis en contact avec elle et je lui ai fait confiance, mais j’avais quand même ma propre expérience. Quand j’ai finalement rencontré Steffi, j’ai vu qu’elle était différente. Je savais que c’était la bonne personne. Nous nous sommes rencontrées plusieurs fois et à chaque fois je lui donnais des matériaux pour travailler. J’attendais de voir ce qu’elle en ferait. Elle était très transparente, très claire. Désormais je lui fais autant confiance qu’à mes propres filles.

Comment vous sentez-vous lorsque vous voyez le film ? 

Travailler sur le film, voir les vidéos filmées avec nos portables et entendre la voix de Reyhaneh, tout cela était très dur pour moi. Cela provoquait une vraie détresse émotionnelle. Mon thérapeute m’a conseillé de ne pas voir le film à moins de me sentir très solide. J’ai donc décidé d’attendre la première projection officielle. Mais je suis bien sûr contente que le film ait été fait. J’ai l’impression de pouvoir enfin répondre à l’un des souhaits de Reyhaneh. Elle voulait, comme elle le disait, que je la « laisse partir avec le vent », que je la laisse partir pour enfin trouver la paix. Le film - et le livre que nous écrivons avec Steffi - pourraient être ces ailes. Elle va enfin pouvoir s’envoler. 

Qu’est-ce qui a été le plus difficile sur ce film ? 

Me confronter aux vidéos, aux photos. Pendant les sept années que Reyhaneh a passé en prison, je relisais tous les soirs chaque phrase de chaque article consacré à ma fille. Puis quand j’ai commencé une thérapie en Allemagne et que l’année s’est écoulée, j’ai commencé à oublier certains détails. J’ai réalisé cela en visionnant le matériel pour le film. Cela m’a vraiment tourmentée. Oublier des détails me donnait l’impression que je pouvais finir par oublier ma fille. Je me suis sentie très coupable, cela a été très compliqué. 

Que pensez-vous des événements qui se déroulent en Iran en ce moment ? 

Je suis vraiment désolée pour les familles qui doivent vivre cette expérience. Savoir que quatre personnes déjà ont été exécutées et qu’on ne sait pas exactement ce qui va se passer me rend malade. J’ai du mal à trouver le sommeil. Je connaissais une centaine de familles qui étaient dans la même situation que moi. Maintenant, il y en a beaucoup plus. Je suis en contact avec certaines d’entre elles. 

Espérez-vous que le film aura un impact politique ? 

C’est un film sur les droits humains et j’espère qu’il pourra apporter des changements. La plupart des Occidentaux ne peuvent pas comprendre ce qui se passe lorsqu’une peine de mort est exécutée. Les répercussions que cela implique sur les familles. Il serait formidable que cette compréhension accrue permette de renforcer la pression sur le gouvernement iranien. Chaque condamnation qui peut être évitée est un succès. 

Comment se présente la situation de votre mari ? 

Il n’a toujours pas de passeport et il est seul. Il n’y a plus d’autres membres de la famille en Iran. Avec le film, il est possible qu’il soit à nouveau confronté à des pressions.

(Dossier de presse) 

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