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"Contrairement à ce que l’on pourrait croire Les Vitelloni n’est pas simplement une œuvre de jeunesse dans la carrière de Fellini, mais l’une de ses œuvres les plus attachantes, dans laquelle sa sensibilité et sa tendresse remplacent les fantasmes et l’imagination onirique de ses futures réalisations." André Moreau

jeudi 6 avril à 20h15 au Caméo Commanderie


Dans une petite ville balnéaire animée seulement par le Carnaval et la période des vacances, cinq jeunes gens mènent une vie de désœuvrés, d’inutiles, qui leur vaut d’être appelés « Vitelloni », les Grands veaux.


Propos de Federico Fellini

« Ils sont arrivés à la trentaine bien sonnée, en pérorant ou en racontant des blagues de gamins. Ils brillent pendant les trois mois de la saison balnéaire, dont l’attente et les souvenirs occupent pour eux le reste de l’année. Ce sont les chômeurs de la bourgeoisie...

Ce sont aussi des amis à moi, et je leur veux du bien

Avec mes collaborateurs, nous nous sommes mis à parler d’eux, et chacun de nous, comme ex-vitellone, avait une foule de choses à raconter. Et nous avons fait un film. »

(...)

« Il me faut admettre qu’avec mon cinéma j’ai une relation de clandestinité psychologique, à base de méfiance et de mésestime. Je tourne un film comme s’il s’agissait d’une maladie dont je dois me guérir, une infirmité dont je dois me délivrer. Je m’illusionne en pensant que le salut se trouve au moment où je m’éloignerai du film.

M’exprimer avec le spectacle a été une inclination très naturelle, très spontanée, pas un acte de volonté, pas un choix. Tout s’est déroulé avec aisance, et moi, je continue de travailler en m’amusant avec quelques bouts de bois, quelques chiffons... »


Eclairages

"1953, année-tournant : Les Vitelloni, Voyyage en Italie de Roberto Rossellini, et l’ouvrage collectif L’Amour à la ville (surtout l’épisode d’Antonioni, Tentative de suicide) marquaient, dix ans après sa naissance, l’éclatement définitif du néo-réalisme originel dans des voies résolument divergentes et son renouvellement, à un moment où il commençait à s’épuiser à la simple description naturaliste de la réalité. […] La simplicité, la pudeur, l’émotion vraie de ce témoignage qu’est Les Vitelloni, sans nul doute tiennentelles essentiellement au fait qu’il s’agit d’une autobiographie. Le regard de Fellini sur sa propre jeunesse est lucide, cruel même, mais jamais méchant : il sourit de ses personnages mais ne les reprise point, irresponsables qu’ils sont de ce culte du désœuvrement et des plaisanteries stupides où les incline une société mesquine et maladive. Le génie propre de Fellini, c’est aussi sa découverte du paysage-état d’âme : plages désertes battues par les vents, places nocturnes envahies par le mystère, à l’image du vide intérieur de ces tristes héros et de leur vague à l’âme. Cela est mis en valeur par une conception ouverte et limpide du récit visuel, où le montage n’intervient plus comme une reconstruction intellectuelle de l’espace et du temps, mais bien plutôt comme le vecteur direct de la rêverie à travers le sentiment presque douloureux de la durée qui fuit sans retour. Et la participation envoûtante de Nino Rota est l’un des éléments déterminants de la fascination profonde exercée par ce chef-d’œuvre méconnu."

Les Lettres Françaises – 9 février 1962


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