Une plongée dans les rues de Naples pour commencer l'année ?
Une déambulation envoûtante dans un passé trouble et une ville vénéneuse, portée par un grand acteur.
Le cinéaste napolitain filme sa ville avec un regard singulier, chargé d'une empathie douloureuse. Le film, majestueux comme une cérémonie secrète, est superbement campé par Pierfranscesco Favino.
Une ode à Naples avec un excellent Pierfrancesco Favino.
Mario Martone
Mario Martone et Ippolita Di Majo d'après le roman de Ermanno Rea
1h57
Italie, France
4 janvier 2023
ARP Sélection
Pierfrancesco Favino → Felice Lasco
Francesco Di Leva → Padre Luigi Rega
Tommaso Ragno → Oreste Spasiano
Aurora Quattrocchi → Teresa Lasco
Sofia Essaïdi → Arlette
Nello Mascia → Raffaele
Emanuele Palumbo → Felice giovane
Artem → Oreste giovane
Salvatore Striano → Gegé
Virginia Apicella → Adele
Daniela Ioia → Teresa giovane
Ce qui est raconté dans ce film est né d’un fait divers mais je voulais aller plus loin, vers un sentiment mystérieux, à chercher durant le tournage. J’étais fasciné par l’idée de faire un film qui ne se passe pas dans une ville mais dans un quartier, comme s’il s’agissait d’un jeu d’échecs. C’est pourquoi les rues, les maisons ou les personnes qui apparaissent dans le film sont toutes du Rione Sanità, une enclave de Naples située loin de la mer. Ce quartier a tout englouti : les années si lointaines dont parle le film, le Moyen-Orient où le personnage principal était parti, les rêves, les défis et les fautes...
Être Napolitain, c’est une façon particulière d’être Italien. Notre ville est restée la même depuis la Grèce antique. Naples est une ville dans laquelle il y a une sorte d’abandon, un désenchantement qui peut subitement se retourner, se renverser, pour devenir un enchantement. À Naples, chanter, jouer, être comédien, c’est naturel. Chacun se dissimule derrière un masque, et cache ainsi la conviction profonde que le fait d’être au monde est une condition de souffrance. Prenez par exemple Totò, l’acteur comique le plus aimé d’Italie. Il est né à Naples, dans le quartier de la Sanità. Derrière son masque, il portait une profonde mélancolie...
J’avais très peur. Il y a une énorme tradition d’acteurs venus du théâtre napolitain qui date de plus de cinquante ans. Cette tradition les protège, on ne peut pas se fabriquer une appartenance à cette tradition. Mais là j’incarne quelqu’un qui l’a oubliée. Alors, moi, j’ai dû l’apprendre. C’était difficile, mais cela ne m’effraie pas, c’est plutôt une joie, je trouve, de chercher.
À la Sanità, le vieux quartier de Naples, sur les contrebas de Capodimonte, tout le monde connaît et vénère « Don Antonio ». Ce prêtre arrivé là il y a plus de vingt ans a découvert « un ghetto de pauvres, avec beaucoup de jeunes tombés dans les mains de la Camorra. Un endroit où la culture épousait la misère, abritant un patrimoine remontant jusqu’à quatre siècles avant J.-C., avec des vestiges grecs, des catacombes, des églises et presbytères. Un condensé de ce qu’est le peuple italien, de ses qualités et disgrâces. ».
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