Une ode vibrante à la différence, d'une grande subtilité.
Avec une style direct mais pas naïf, l'attachant Joyland a conscience que les moments vécus en dehors sont aussi magiques et brefs que des tours de montagnes russes, mais à l'amertume de la descente, il a l'élégance de nous inviter à la grisante euphorie de la montée.
Premier film pakistanais à être présenté en Sélection officielle, Joyland saisit par la soif de liberté qui électrise ses personnages, une mise en scène audacieuse et la justesse de ses interprètes.
Ce premier film pakistanais livre, sans caricaturer, une dénonciation du patriarcat.
Imprimant au récit une tension palpable grâce à la nervosité de sa mise en scène et à ses interprètes inspirés, Saim Sadiq signe un film maîtrisé et palpitant.
Élégant et gracieux, ce premier film est une oeuvre à ne pas rater.
Saim Sadiq
Saim Sadiq et Maggie Briggs
2h07
Pakistan
28 décembre 2022
Condor
Ali Junejo → Haider
Rasti Farooq → Mumtaz
Alina Khan → Biba
Sarwat Gilani → Nucchi
Salmaan Peerzada → Le Père
Sameer Sohail → Saleem
Sania Saeed → Fayyaz
Ramiz Law → Qaiser
Honey Albela → Ashfaq Saab
Priya Usman Khan → Shagnam Rani
Honey → Honey
1er film
Je vis avec l’histoire de JOYLAND depuis très longtemps. Aujourd’hui, quand je repense au passé, je me rends compte que mon esprit de jeune adulte a accueilli avec beaucoup d’émotion ce récit, totalement fictif mais autobiographique, comme un cadeau. C’est devenu le moyen de questionner mon propre statut de jeune homme qui n’a jamais été suffisamment viril pour vivre dans une société patriarcale. En grandissant, j’ai découvert les personnages de JOYLAND qui grandissaient avec moi, comme les quelques amis, adolescents, qui traînent longtemps ensemble après la fin de l’école. En affrontant les notions de désir, de tradition, de masculinité, de famille et de liberté, ces combats sont devenus leurs combats. Quand je me mettais trop en colère, ils m’apprenaient à avoir de l’empathie. Quand ils étaient trop désabusés, je faisais une blague ou je les emmenais dans un parc d’attraction. En fin de compte, leur catharsis est devenue la mienne. JOYLAND s’attache à « déromantiser » un récit initiatique et se présente comme un hommage à toutes les femmes, à tous les hommes, et à tous les transgenres qui paient de leur vie le poids du patriarcat. Le film célèbre aussi le désir qui tisse des liens inattendus et l’amour qui les immortalise. En fin de compte, c’est surtout un message d’amour adressé à ma patrie.
Qu’est-ce qui a rendu ce film possible ? Je n’avais pas le choix. À partir du moment où j’ai décidé de le faire, c’est devenu une part de moi. Il est issu d’un amalgame de choses ressenties et vécues depuis que je suis enfant, puis adolescent. Pendant l’écriture, le scénario a continué d’évoluer en même temps que mes idées politiques. Je me suis toujours dit « Je dois le faire, et je vais le faire. » Le défi aujourd’hui, c’est de continuer à vivre sans lui, maintenant que je l’ai partagé ici, à Cannes. La bataille commence finalement maintenant, pour moi !
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